ROGER PAR PIERRE PRADERVANT
De temps en temps, une personne au destin singulier émerge, destinée à devenir un véritable phare pour ses contemporains.
Telle est la personne que vous allez découvrir sur ce site. Elle s’appelle Roger W. McGowen.
Une personne qui peut écrire depuis ce qui est probablement le pire couloir de la mort des USA : « Si je dois mourir dans le couloir de la mort, j’aurai au moins montré qu’on peut y être heureux », ou encore : « Dieu a un plan parfait pour ma vie », comme Roger m’a écrit, et ce après des années et des années dans un endroit d’une désolation totale - une telle personne semble avoir quelque chose d’exceptionnel à nous apprendre. Et c’est exactement ce qui s’est passé.
Incarcéré depuis 33 ans pour un crime dont nous sommes absolument certains qu’il ne l’a pas commis, dont 25 ans dans le couloir de la mort du Texas, Roger est devenu un maître de vie pour des milliers de personnes. Le livre contenant ses lettres, « Messages de vie : un condamné à mort s’exprime » transforme des vies partout depuis sa parution en 2003 (Editions Jouvence). Car la principale leçon que donne Roger est que ce ne sont pas notre environnement, aussi dur soit-il, ni notre histoire de vie, aussi tragique soit-elle, qui détermine ce que nous devenons et si nous atteignons l’épanouissement on non, mais notre attitude intérieure face aux circonstances de notre vie. Dans un remarquable documentaire produit pour la télévision romande par Nicolas Pallay et primé dans deux festivals internationaux du film, Roger fait tout au début du documentaire deux puissantes affirmations suivantes qui le situent bien: « J’ai pris la décision de ne pas permettre aux événements extérieurs de déterminer comment je me sentirais intérieurement » et « Ils peuvent seulement m’emprisonner si je leur donne mon consentement et je refuse de leur donner mon consentement. »
Parler à Roger, c’est s’adresser à un homme qui est plus libre que la plupart des gens que vous rencontrez, un homme qui pratique l’amour inconditionnel et le pardon dans un lieu qui pousse nombre de détenus à devenir littéralement fous, ou à se mutiler eux-mêmes atrocement, voire à se donner la mort, c’est rencontrer un homme qui bénit ses gardiens, surtout ceux qui lui font du mal; un homme qui a complètement transformé l’énergie et l’atmosphère de la section de la prison qu’il habite. Il faut savoir aussi que la minuscule cellule qu’il partage avec un autre détenu ne fait que 2 x 3m. Un homme qui, cinq ans après avoir quitté le couloir de la mort, y laissa un souvenir tellement chaleureux que des gardiens demandèrent à son avocat de le saluer cordialement de leur part. Un homme qui, pendant son séjour dans le couloir de la mort - du jamais vu - avait vu des gardiens venir se confier à lui et partager avec lui leurs difficultés.
J’ai appris l’existence de Roger en 1996 et commençai à correspondre avec lui l’année suivante, et je l’ai depuis visité chaque année sauf une. Ses lettres étaient tellement remarquables que je décidai que je ne pouvais pas les garder pour moi mais qu’elles appartenaient au patrimoine culturel et spirituel de l’humanité. La première édition parut en 2003.En 2006, je mis sur pied le comité de défense international qui compte à ce jour dix sept membres dans une demi-douzaine de pays. Les lecteurs de son livre et un couple qui a visionné l’émission de TV et le groupe français « Les amis de Roger McGowen » ont contribué très généreusement à sa défense, ce qui nous a permis d’embaucher dès 2006 les services d’un excellent avocat texan qui a réussi à le sortir du couloir de la mort. Il a depuis reçu une peine de prison à vie avec possibilité de sursis en 2036, à moins que l’impossible se produise et que nous réussissions à trouver d’ici là une preuve de son innocence ou que le loi change.
Le commentaire le plus fréquent que j’entends de lecteurs de son livre est : « Après avoir lu ce livre, je ne pourrai plus jamais me plaindre ». Puisse ce commentaire aussi devenir le vôtre après avoir parcouru ce site, chère/cher internaute. « C’est toujours impossible jusqu'à ce que cela se réalise » écrivait Nelson Mandela (auquel nombre de personnes comparent à Roger). Cela semblait impossible d’être heureux dans le couloir de la mort. Roger a montré que cela était possible. Il est une illustration frappante de l’affirmation de Mandela.
Qui peut aussi devenir la vôtre.
Pierre Pradervand